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Radiothérapie : un traitement précis et personnalisé contre le cancer en Suisse

La radiothérapie est un pilier essentiel des traitements contre le cancer en Suisse. Ce traitement, qui utilise des rayonnements pour détruire les cellules cancéreuses, a connu des avancées considérables ces dernières années. Comment se déroule une séance de radiothérapie ? Quels sont les effets secondaires et quelles sont les dernières innovations dans ce domaine ? Découvrons ensemble les réponses à ces questions.



Salle de radiothérapie de Bienne

Qu'est-ce que la radiothérapie et comment fonctionne-t-elle ?


La radiothérapie consiste à utiliser des rayonnements ionisants de haute énergie (souvent des rayons X) pour cibler et détruire les cellules cancéreuses. Ces rayonnements endommagent l'ADN des cellules tumorales, les empêchant de se multiplier.

Grâce aux avancées technologiques, les radiothérapeutes en Suisse peuvent désormais adapter les traitements de manière très précise à chaque patient. Des techniques d'imagerie médicale de pointe, comme la tomographie par émission de positrons (TEP) ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM), permettent de visualiser la tumeur avec une grande précision. Ces informations sont ensuite utilisées pour planifier le traitement de manière optimale, en épargnant au maximum les tissus sains environnants.



Avant la radiothérapie


Le/La radio-oncologue vous donnera rendez-vous quelques semaines avant la fin de votre chimiothérapie ou le début de la radiothérapie pour vous expliquer en détail votre programme de traitement. Il/Elle vous conseillera également sur les précautions à prendre et les risques possibles.

Par la suite, un autre rendez-vous aura lieu environ une semaine avant le début de votre radiothérapie, afin de réaliser un scanner de calage. On vous demandera de dénuder la zone à traiter et de retirer tous vos bijoux. Vous serez alors allongé(e) sur la table du scanner, et un(e) TRM (technicien/ne en radiologie médicale) placera de petits marqueurs (ou fils radio-opaques) sur la peau pour délimiter, par exemple, les bords inférieur et supérieur du sein ainsi que la zone de la cicatrice. Cela aide l’équipe médicale à mieux repérer la région à irradier lors de la planification. Ce rendez-vous dure environ 30 minutes.



Le déroulement de la radiothérapie


Scanner de calage (30 min) : 


Afin de planifier vos séances de radiothérapie en toute sécurité, vous passerez un scanner spécifique dans votre centre de radio-oncologie (souvent réalisé environ une semaine avant le début des traitements). Ces images détaillées permettront à l’équipe de créer un plan de traitement personnalisé, en indiquant précisément à la machine de radiothérapie comment vous positionner et quelle zone irradier. Ce calage est capital pour protéger efficacement les organes sains tout en ciblant avec précision la région tumorale.


Déroulement général des séances de radiothérapie (15 min):


Préparation : 

Vous êtes invité(e) à venir vous installer dans une cabine et à retirer vos vêtements sur la zone à traiter. Par exemple, pour une radiothérapie du sein, vous retirez le haut du corps (soutien-gorge, haut, pull), mais vous conservez culotte/pantalon, chaussettes et chaussures.


ASTUCE N’hésitez pas à garder un haut sur vos épaules (t-shirt/pull) le temps de traverser la salle de contrôle des machines. Une chaise a été positionnée près de la table de traitement et vous pourrez y déposer vos lunettes et ce vêtement si vous le souhaitez.

Positionnement : 

Vous êtes ensuite placé(e) sur une table d’examen pour être positionné(e) de façon très précise.

Dans certains centres (comme à Bienne), la machine de radiothérapie est un accélérateur linéaire de type TrueBeam. Pour assurer la fiabilité du positionnement, on utilise parfois un système de contrôle de surface appelé AlignRT, qui analyse en temps réel la position du corps et corrige d’éventuels décalages avant et pendant l’irradiation.


Irradiation : 

La machine (accélérateur linéaire) émet des rayons vers la tumeur sous différents angles. Le procédé est indolore et dure généralement quelques minutes.

Si vous êtes traitée pour un cancer du sein, on peut vous demander parfois de prendre une inspiration profonde (technique DIBH / Gating) afin de protéger le cœur, notamment pour les tumeurs du sein gauche.



Les différentes phases de traitement d’une radiothérapie 


Selon le type de cancer et votre situation spécifique, votre radio-oncologue pourra recommander plusieurs phases de traitement. Dans le cas d’un cancer du sein, il est courant de procéder de la façon suivante :


Phase de radiothérapie de la totalité du sein


Après la chirurgie (tumorectomie), la première étape de la radiothérapie cible généralement l’ensemble du sein pour éliminer d’éventuelles cellules résiduelles. La durée varie selon les protocoles (souvent 3 à 5 semaines, avec un total de 15 à 25 séances).


Phase de « boost » sur le lit tumoral


Ensuite, on applique souvent un boost (surdosage localisé) au niveau du lit tumoral (l’endroit précis où la tumeur a été retirée). Cette phase peut durer une à deux semaines supplémentaires (généralement 5 à 8 séances), afin de diminuer encore plus le risque de récidive locale.


Autres configurations


Dans certains cas, on peut aussi traiter les ganglions lymphatiques (sous l’aisselle, au niveau sus-claviculaire, etc.) ou utiliser d’autres schémas d’irradiation (radiothérapie partielle accélérée, etc.), en fonction de la taille de la tumeur, du stade, de l’avis multidisciplinaire et des préférences du patient.



Les effets secondaires de la radiothérapie


En radio-oncologie, nous distinguons généralement entre les effets secondaires aigus (ou précoces) et les effets secondaires à long terme (ou tardifs) :

  • Les effets secondaires aigus apparaissent en général pendant la série de séances ou juste après la fin de l’irradiation et disparaissent généralement au bout de quelques semaines.

  • Les effets secondaires à long terme peuvent se manifester des mois, voire des années après la fin du traitement.


  1. Effets secondaires aigus


Réactions cutanées

  • Rougeur légère (érythème)

  • Sécheresse, irritation ou desquamation de la peau

  • Dans les cas plus marqués : zones suintantes (desquamation humide) ou démangeaisons


Ces réactions apparaissent le plus souvent après quelques semaines de radiothérapie et s’atténuent progressivement une fois le traitement terminé.


Sensation de tension ou douleurs locales

Certaines patientes ressentent une pression ou une sensation de tension au niveau du sein ou de la cicatrice post-opératoire.


Fatigue

De nombreuses patientes ressentent une fatigue croissante au cours du traitement. Les causes peuvent être liées à la radiothérapie elle-même, mais aussi à l’évolution globale de la maladie et à d’autres traitements associés.


Légers œdèmes

Le sein irradié peut parfois présenter un gonflement temporaire, qui se résorbe généralement après la fin de la radiothérapie.


Il est primordial d’en discuter avec votre équipe médicale afin de mettre en place des mesures de prévention et de soulagement (crèmes adaptées, conseils diététiques, etc.).


Important : Les nausées, vomissements ou la sécheresse buccale ne sont pas des effets secondaires typiques de l’irradiation isolée du sein. De tels symptômes apparaissent généralement seulement lorsque le champ d’irradiation inclut une grande partie de l’abdomen (par ex. estomac, intestin) ou la région tête-cou (glandes salivaires). Dans le cas d’une radiothérapie du sein gauche sans extension vers ces zones, ces troubles ne se produisent habituellement pas.


  1. Effets secondaires à long terme (tardifs)


Modifications de la peau et des tissus

  • Hyperpigmentation permanente légère (brunissement)

  • Possibilité de zones plus fermes ou légèrement rétractées dans la zone irradiée

  • Réaction cutanée plus sensible au soleil ou à la chaleur


Modification des cicatrices

La cicatrice opératoire peut se modifier ou s’épaissir légèrement sous l’effet de l’irradiation.


Lymphœdème

Surtout en cas d’irradiation des ganglions axillaires ou après leur ablation chirurgicale, un lymphœdème du bras ou de la région mammaire peut survenir, bien que ce soit rare.


Atteinte pulmonaire ou cardiaque (rare)

Les techniques modernes (par ex. irradiation en inspiration profonde contrôlée – « Deep Inspiration Breath Hold ») réduisent considérablement le risque d’atteinte au niveau du cœur ou des poumons. De rares complications tardives peuvent inclure une pneumopathie radique (pneumonite) ou un risque légèrement accru de maladie cardiovasculaire. Toutefois, grâce aux techniques de précision actuelles, ces risques restent faibles.


Deuxième cancer (très rare)

Toute exposition aux rayonnements peut légèrement augmenter le risque de développer un second cancer à distance. Néanmoins, le bénéfice de la radiothérapie l’emporte largement sur ce risque très faible.


BON A SAVOIR Le centre de radio-oncologie de Bienne propose des séances complémentaires de photobiomodulation pour réduire le risque de problèmes cutanés. Parlez en à votre médecin.




Suivi après la radiothérapie


Après la fin du traitement, des contrôles réguliers sont nécessaires pour surveiller l’évolution de la maladie et détecter d'éventuelles récidives. Il est important de maintenir un mode de vie sain, avec une alimentation équilibrée et une activité physique adaptée, pour favoriser la récupération et améliorer la qualité de vie.



Les dernières innovations en radiothérapie


La radiothérapie est un domaine en constante évolution. En Suisse, les patients bénéficient des techniques de pointe telles que :

  • La radiothérapie modulée en intensité (IMRT) : Elle permet d’adapter précisément la dose de radiation à chaque point de la tumeur, réduisant l’irradiation des tissus sains.

  • La radiothérapie à arc volumétrique (VMAT) : La machine tourne autour du patient et irradie la tumeur sous différents angles en un temps très court, ce qui diminue la durée des séances.

  • La radiothérapie stéréotaxique : Très haute précision, particulièrement utilisée pour de petites tumeurs ou des zones difficiles d’accès.

  • La radiothérapie adaptative : Grâce à l’imagerie quotidienne et à des ajustements en temps réel, le plan de traitement est modifié en fonction de changements anatomiques (taille de la tumeur, position des organes). Elle offre un ciblage plus précis et protège mieux les tissus sains.



Le rôle de l'équipe soignante


Tout au long du traitement, vous serez accompagné(e) par une équipe pluridisciplinaire :

  • Radio-oncologues (médecins spécialisés) : ils définissent l’indication, la dose et la zone à irradier.

  • Physicien(ne)s médicaux : ils calculent et optimisent votre plan de traitement, s’assurent de la qualité et de la précision des équipements et garantissent le bon déroulement technique.

  • Radiothérapeutes (manipulateurs formés à la préparation et à l’irradiation) : ils vous installent et supervisent les séances de radiothérapie.

  • Infirmier(ère)s spécialisé(e)s : ils/elles vous accompagnent dans la gestion des effets secondaires et le suivi de votre état de santé.

  • Psychologues : ils/elles peuvent vous apporter un soutien psychologique pendant votre parcours de soin.

  • Autres professionnels de santé (diététiciens, physiothérapeutes, etc.) : ils/elles interviennent selon vos besoins spécifiques (nutrition, rééducation, etc.).


N'hésitez pas à exprimer vos inquiétudes ou à poser des questions à tout moment : chaque membre de l’équipe est là pour vous écouter et vous aider.



Questions fréquentes


Y a-t-il des solutions proposées par les naturopathes pour limiter les effets de la radiothérapie ?

En cas de démangeaison ou de brulure, il est possible d’appliquer du gel d’aloe vera juste après votre séance de radiothérapie. Vous pouvez aussi badigeonner la zone avec du yaourt grec ou du quark (lien vers l’article). Il est important de consulter votre radio-oncologue avant d'entreprendre tout nouveau traitement, y compris remède naturel. Certains compléments alimentaires ou pratiques naturelles peuvent interagir avec les traitements conventionnels ou aggraver certains effets secondaires. Il est donc essentiel d'avoir l'avis de votre médecin traitant.

Y a-t-il des précautions à prendre avant ou après une séance de radiothérapie ?

Puis-je conduire après une séance de radiothérapie ?

Pourquoi est-on parfois fatigué après une séance de radiothérapie ?

A quoi servent les différents éléments dans la salle de traitement ?


En conclusion


La radiothérapie est un traitement efficace et de plus en plus personnalisé contre le cancer. Malgré l'apparition possible d’effets secondaires, de nombreuses solutions existent pour les atténuer. N’hésitez pas à en discuter avec votre équipe médicale afin de bénéficier d’un accompagnement global et adapté à vos besoins.



 

Cet article a été écrit en collaboration avec la PD Dr. Med. Evelyn Herrmann, Medecin-Cheffe, Radio-Oncologue et CEO au Centre de Radio-Oncologie de Bienne-Seeland Jura Bernois. Merci infiniment pour son aide précieuse dans l’écriture de cet article.


Note: Cet article a un but informatif et ne remplace en aucun cas un avis médical.

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